Tactique…

(les notions en italique sont tirées (et la réflexion s’inspire) de M. De Certeau : « L’invention du quotidien. 1 : Arts de faire », 1990, Gallimard, Folio)

J’entends par tactique une certaine antinomie de la stratégie, des manières de faire qui se jouent des données. Le tacticien est celui qui n’a pas de prises sur lesquelles s’appuyer, ses seuls alliés sont paradoxalement les objets stratégiques qui ne sont pas les siens (la « bonne » langue, les normes linguistiques, les espaces configurés et contrôlés, les assignations identitaires, etc.). Toutes ces règles ont des failles dont le tacticien développe inévitablement une connaissance particulière.

Si la tactique constitue sans doute un moyen de défense, elle configure également des lieux de créativité où vivent des intelligences non recensées (non recensables ?) car reniées d’abord, mais aussi fuyantes, non quantifiables, mouvantes, « rhizomatiques ». Ces tactiques fuient les quadrillages qui contrôlent mais aussi ceux qui mesurent. Il ne s’agit donc pas de mesurer les tactiques mais d’en faire l’expérience, d’en approcher les significativités. Le tacticien s’appuie aussi sur le temps et les temporalités. Il intervient au bon moment dans la bonne situation (la répartie, l’auto-dérision, les raccourcis spatiaux, les cachettes, le silence, les postures, etc.)

La tactique ainsi définie est un objet d’étude privilégié pour la résidence. Les enfants sont typiquement des tacticiens, il jouent! Les autres participants, artistes, chercheurs, pédagogues, ont l’habitude d’avoir un lieu et des barrières de sécurité, une légitimité dans leur domaine, dans leur communauté, une connaissance des normes en vigueur, etc. qui leur assurent de pouvoir prévoir, concevoir, prendre du recul : « stratégiser ». Seulement, pendant ces 10 jours, nous sommes tous des navigateurs et quand bien même on posera le pied sur le sol, ce ne sera pas le nôtre (en fonction des rôles de chacun : la résidence, le quartier, les différentes pratiques professionnelles, le quotidien, les enfants, etc.). Nous sommes désormais tous des tacticiens potentiels, à nous de mettre cette situation à profit ! Dans mon rôle de chercheur, j’ai prévu un protocole d’enquête dont j’ai très vite compris qu’il serait perturbé (le mot est faible!) par la présence des enfants. Nos premières rencontres m’ont donné tour-à-tour des sueurs froides et des envies! A nous donc de savoir percevoir les envies des enfants, les questionnements imprévus qu’ils amènent, qu’il proposent, et de négocier avec eux la finalité du projet… Je veux explorer avec les enfants et faire preuve d’esprit tacticien avec eux. La cartographie est pour moi un prétexte à l’exploration des différentes facettes de nos vies. C’est ensuite un prétexte à la mise en jeu et à la mise en lumière des tactiques qui apparaitront dans  les passages de frontières entre ces facettes. Quelles tactiques adoptons-nous, adopterons-nous les uns avec les autres (enfants, chercheurs, artistes, pédagogues) ? avec les maîtres d’école ? avec les copains ? dans les familles des enfants ? dans le quartier ? dans les autres quartiers ? avec des inconnus ?…

Ce sont les questions que je me pose, ce sont aussi les questions que j’essaierai de poser aux enfants. Quels regards portent-ils sur leurs propres pratiques ? sur les nôtres ? Un vrai travail de collaboration en sommes!

Bon, le bateau est à quai désormais, il est temps de partir en exploration!

 

 

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J’entends par tactique une certaine antinomie de la stratégie, des manières de faire qui se jouent des données. Le tacticien est celui qui n’a pas de prises sur lesquelles s’appuyer, ses seuls alliés sont paradoxalement les objets stratégiques qui ne sont pas les siens (la « bonne » langue, les normes linguistiques, les espaces configurés et contrôlés, les assignations identitaires, etc.). Toutes ces règles ont des failles dont le tacticien développe inévitablement une connaissance particulière. (suite…)

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J’entends par tactique une certaine antinomie de la stratégie, des manières de faire qui se jouent des données. Le tacticien est celui qui n’a pas de prises sur lesquelles s’appuyer, ses seuls alliés sont paradoxalement les objets stratégiques qui ne sont pas les siens (la « bonne » langue, les normes linguistiques, les espaces configurés et contrôlés, les assignations identitaires, etc.). Toutes ces règles ont des failles dont le tacticien développe inévitablement une connaissance particulière. (suite…)

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J’entends par tactique une certaine antinomie de la stratégie, des manières de faire qui se jouent des données. Le tacticien est celui qui n’a pas de prises sur lesquelles s’appuyer, ses seuls alliés sont paradoxalement les objets stratégiques qui ne sont pas les siens (la « bonne » langue, les normes linguistiques, les espaces configurés et contrôlés, les assignations identitaires, etc.). Toutes ces règles ont des failles dont le tacticien développe inévitablement une connaissance particulière. (suite…)

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