Inspection 1/4 – Alone, the « bramas ».
Premier jour, premières marches, sans assistance.
Traverser le quartier au matin, chercher à en faire le tour.
Comprendre, se repérer, évaluer, amasser, inspecter.
Des façades, des usines de brique rouge désaffectées, des creux larges, ouverts et animés, d’immenses murs mitoyens qui ne le sont plus, des porches, des porches : les “bramas » (entrées), l’heure de l’école.
Façades
la mariée
Usines
Creux
Bramas
Heure de l’école
Les bruits viennent d’au-delà des « bramas ». C’est là que les gens disparaissent, de là qu’ils surgissent.
Sentiment que c’est là que la vie se passe. Des enfants jouent, des cris, des femmes parlent, on devinent des hommes assis. On sent qu’il serait incorrect, peut-être dangereux, de rentrer dans ces cours qui ne sont pourtant pas fermées.
Des questions éthiques : le regard est attiré par les façades torturées, les visages marqués. Pourtant, il suffit parfois de regarder l’immeuble voisin, ou le trottoir d’en face pour voir une façade rénovée, des fenêtres ordinaires et des appartements confortables, une grosse voiture neuve.
Que faut-il montrer ?
Sentiment, au terme du premier jour, de n’être entré nulle part, de n’avoir que longé.
Il est intéressant de voir les mêmes questions / interrogations qui se dessinent entre Anna et toi, ce qui n’est guère étonnant au vu du visuel de Praga. Que montrer? Que cacher? A quel moment tombe-t-on dans du misérabilisme pour, une nouvelle fois, récupérer des places qui nous permettent de justifier le projet? Je suis toujours autant interpelé par l’entretien avec A. qui remettait en cause les fondements même d’Expeditions. Pourquoi le regard est-il toujours attiré aussi vivement par le dramatique? Peut-être n’est-ce pas ça, peut être est-ce juste la différence qui surprend?
Je trouve que cette Expédition semble très intéressante dans la compréhension interculturelle qu’elle propose ou invoque, dans les questions, nouvelles, qu’elle soulève.
Bonsoir Nolwenn,
Merci pour ce commentaire, tu as raison : le « misérabilisme » fait partie des questions qui traversent cette résidence, peut-être de façon plus directe que ce ne fut le cas lors des autres résidences.
J’essaie d’écrire plus précisément sur ce sujet, mais comme ce fut le cas à Rennes, il y a des questions qu’on sait importantes, qu’on discute, qu’il faudrait traiter comme il faut, et le temps manque, les livres aussi, restés à quai.
Cette question se pose ici peut être parce que le contraste est fort entre d’une part un quartier qui date du 19ème siècle, en partie mal « entretenu », une situation sociale et économique difficile, et d’autre part, un mouvement de gentrification extrêmement fort : chaque jour, un nouveau bar « branché » ouvre, une nouvelle usine à l’abandon devient un loft, etc.
La question de ce que l’on choisit de regarder et de monter se pose très concrètement.