Inter- quoi? Début de réflexions…

Une journée de passée avec l’équipe. Je reste pour l’instant sur mes envies initiales, qui sont donc de travailler sur l’imbrication de / des espace(s) et des identités, et ce à deux niveaux (non hiérarchisés évidemment, et complémentaires dans le sens où les deux niveaux s’influencent l’un l’autre).

1) au sein de l’équipe d’Expéditions, ce qui signifie plus ou moins de travailler sur l’influence de l’espace (de résidences, plus restreint, et, plus largement, sur celui du quartier) sur les identités professionnelles (sans évidemment qu’il soit possible de considérer que seules les identités professionnelles sont impactées par une telle expérience, mais c’est néanmoins ce qui nous intéresse ici).

Tout d’abord, l’espace définit par BULOT comme “aire symbolique, matérielle qui inscrit l’ensemble des attitudes et des comportements langagiers ou non dans une cohérence globale, communautaire” (BULOT, 2008 : 13), se doit donc d’être distingué du lieu qui est envisagé comme “un repère concourant à la sémiotisation sociale et sociolinguistique de l’aire géographique citadine” (ibid.). L’espace, au sein de ce travail d’expéditions, est donc à la fois espace de travail et espace de vie pour l’équipe, tout comme il est également les deux au sein du quartier. Il est également l’espace des rencontres interculturelles et interdisciplinaires et se doit, simultanément, d’être un espace ouvert.

Nous sommes répartis dans deux appartements à 10 minutes l’un de l’autre, dans le quartier de Campclar. On peut déjà observer que le rapprochement semble s’effectuer par lieux de vie, ce qui semble logique, mais dommageable?

Pour l’instant, pas de rapprochements par communautés linguistiques, bien au contraire. Les tous premiers contacts semblaient être avant tout des rapprochements par champs disciplinaires (d’un côté Anthony, Alba, Unai, Dorotha et Anna ; de l’autre David, Angel, Ania et moi), mais les échanges se font facilement. La première langue véhiculaire utilisée a été l’anglais (avec de nombreuses précautions oratoires prises par certains locuteurs en insécurité linguistique – dont moi-, justifiant ce qu’ils considéraient comme étant leur mauvaise capacité d’expression en anglais) ; cependant depuis ce matin semble se mettre en place un échange plurilingue entre David, Alba, Dorotha et moi, où chacun semble vouloir apprendre des mots dans les langues des autres participants, et cherche à les réinvestir dans les dialogues. Pour le moment, ces réinvestissements ne sont faits qu’avec les utilisateurs initiaux des langues en question (création d’une complicité linguistique?)

2) au sein du quartier de Campclar, ce qui revient à travailler sur l’influence de l’espace (considéré, par les sociologues présents et par l’équipe des pédagogues de rue comme l’un des quartiers les plus défavorisés et stigmatisés de Taragona,- nous y reviendrons-) sur les identités des résidents du quartiers : les représentations qu’ils ont d’eux-mêmes, corrélés à celles qu’ils ont sur celles des autres à leur encontre.

Les questions qui se posent à ce sujet concerne mon protocole d’enquête, puisque ma maîtrise des langues utilisées au sein du quartier est plus que limitée : ainsi, recueillir des discours ne peut se faire de la même façon qu’avec des francophones avec lesquels je partage la même culture langagière. Il est donc nécessaire d’adapter mes dispositifs afin de produire une recherche pertinente mais possible.

Soit il me faut adapter mon discours, et donc proposer un dispositif plus restreint ; ce qui engendrerait des discours beaucoup moins riche ; soit il me faut faire appel à un interprète, ce qui biaise la compréhension, puisqu’il est possible de considérer, comme le dit BLANCHET (2007), que chaque langue véhicule, et transmet une version du monde différente qui propose une vision différente des autres langues par le biais de l’arbitraire des expressions, des lexiques existants, des idiomatismes et des schèmes culturels propres à chaque groupe, ce qui explique la non correspondance terme à terme d’une langue à l’autre. Ainsi, des choix doivent être faits pour pallier à ces difficultés.

Bibliographie

BLANCHET Philippe, 2007, «L’approche interculturelle comme principe didactique et pédagogique structurant dans l’enseignement / apprentissage de la pluralité linguistique », dans Synergie Chili n°3, pp. 21-27,  consultable en ligne : http://ressources-cla.univ- fcomte.fr/gerflint/chili3/blanchet.pdf

BULOT Thierry, 2008, « Normes et identités en rupture : », dans Mehrsprachigkeit in frankophonen Räumen, Martin Meidenbauer Verlag, München, pp. 11-25, consultable en ligne : http://sociolinguistique-urbaine.com/IMG/pdf/Normes_et_identite_en_rupture.pdf

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