Identité(s) et sentiments d’appartenance
Après toute une conversation en anglais avec Alba et David, je m’adresse à deux enfants en anglais
« N : excusez moi, j’avais oublié que vous parliez français »
S : Moi je suis indienne
M : et moi haïtienne »
Dans le contexte d’un repas au domicile, l’un des enfants nous dit :
« C : Je ne suis pas français moi / je suis pas français / nous en Afrique on met nos couverts comme ça »
A revoir. A réfléchir. Quelque chose qui n’est pas sans me rappeler le travail que j’ai effectué sur les revendications identitairesdans une recherche sur l’adoption dite « tardive » internationale, et ce avec mes collaborateurs.
Pour me dire qui tu es, ne me dis-tu pas d’où tu es? En quoi tu te distingues de la majorité? Si tu souhaites t’en distinguer? Tes origines ont-elles une importance pour toi? Comment tu revendiques une appartenance plutôt qu’une autre? Les choix que tu fais dans les identités discursives disent quoi de toi et de ce que tu veux dire être?
Tags : Discours, sociolingu
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« Dis-moi d’où tu viens, je te dirai qui tu es. »
Cette phrase me fait réagir !!
Dire d’où l’on vient donne des informations sur les possibles influences sociales et culturelles qui ont « traversées » la personne.
Etre quelqu’un, selon moi ce n’est pas seulement dévoiler son histoire, ses origines, sa/ses migrations, c’est aussi se projeter dans un après.
Dis moi d’où tu viens ET dis moi où tu vas ?
Dire où tu vas…Dire où tu veux aller plus exactement? L’important pour moi, c’est comment tu te place dans le présent, ce qui veut dire aussi, toujours, et je suis d’accord avec toi, se placer dans le passé, mais se projeter aussi dans le futur.
Pourtant, la façon dont tu dis (et dont tu tais) d’où tu viens en dis aussi long sur toi, le tout est un processus de construction et de positionnement non?
Oui, effectivement la question/phrase » où tu veux aller » est plus adéquate, c’est le « vers quoi ? » aussi qui est interessant, la direction mais aussi la projection de se dire qu’il y a toujours quelque chose à construire avec soi-même et les autres.
Je partage également le même point de vue à propos de « la place » que chacun occupe, le positionnement, l’inscription dans le présent.
On dit pour se montrer, pour exister aux yeux des autres, non ?
On tait pour se cacher et ne pas prendre le risque d’être jugé, non ?
On EST entre les deux.
Ce n’est pas toujours simple de dire qui on est.
Comme tu le dis, ca se construit en permanence, ou du moins ça change de forme.
Et toi, qui es-tu « quelqu’un » ?
Dis moi d’où tu viens, où tu vas, par où tu passes, où tu vis, dis moi ce que tu penses, dis moi qui tu fréquentes, dis moi moi tout, je t’écoutes !
Je suis « quelqu’un » et je ne suis pas « neutre »
Je suis « là » sans être « ici »
Je suis dedans et dehors Expedition
Je suis la somme de mes mots
« Au bar de l’hôtel Excelsior e Italia, l’autre jour :
Moi (au garçon qui vient prendre la commande) – Deux espressi !
Le garçon (transmettant au barman) – Due Caffè ! »
Michel Leiris, « Journal – 1922-1989 », Gallimard, 1992, p. 522.