« Trois arbres que je connais bien et que, percevant alors plus nettement leurs traits, je connais mieux l’hiver qu’à la belle saison. Trois arbres avec qui, unilatéralement, j’ai de fréquents rendez-vous, puisqu’ils sont l’un des principaux jalons de la plus habituelle des promenades qu’en mes fins de semaine je fais par terres arables et boqueteaux plutôt que par monts et par vaux. Trois arbres que je pourrais donc tenir pour des amis mais dont, trop ignorant de la botanique, je ne sais pas même le nom (…). Même si le vent les agite et les fait bruire légèrement, je sais bien que ces arbres ne me parlent pas et qu’ils ne m’adressent aucun signe. Mais ils sont là, en quelque saison que ce soit, et ils m’assurent que je suis là moi aussi – moi qui, de ce monde autant qu’eux, les retrouve périodiquement, ai loisir de les regarder et réagis à leur présence. Trop proche et trop semblable à un organe adventice, pas plus un meuble qu’un autre instrument familier – d’ailleurs objet dénué de tout semblant d’âme alors même que je le personnaliserais – ne me donne cette assurance chaque fois fondée sur un sentiment de rencontre », Michel Leiris, « Le ruban au cou d’Olympia », Gallimard, 1981, p. 92.
« Trois arbres que je connais bien et que, percevant alors plus nettement leurs traits, je connais mieux l’hiver qu’à la belle saison. Trois arbres avec qui, unilatéralement, j’ai de fréquents rendez-vous, puisqu’ils sont l’un des principaux jalons de la plus habituelle des promenades qu’en mes fins de semaine je fais par terres arables et boqueteaux plutôt que par monts et par vaux. Trois arbres que je pourrais donc tenir pour des amis mais dont, trop ignorant de la botanique, je ne sais pas même le nom (…). Même si le vent les agite et les fait bruire légèrement, je sais bien que ces arbres ne me parlent pas et qu’ils ne m’adressent aucun signe. Mais ils sont là, en quelque saison que ce soit, et ils m’assurent que je suis là moi aussi – moi qui, de ce monde autant qu’eux, les retrouve périodiquement, ai loisir de les regarder et réagis à leur présence. Trop proche et trop semblable à un organe adventice, pas plus un meuble qu’un autre instrument familier – d’ailleurs objet dénué de tout semblant d’âme alors même que je le personnaliserais – ne me donne cette assurance chaque fois fondée sur un sentiment de rencontre », Michel Leiris, « Le ruban au cou d’Olympia », Gallimard, 1981, p. 92.