Redécouvertes

Revenir dans Expéditions, et y revenir dans son pays, dans sa ville, permet d’y aller sans autant d’incertitudes que dans le premier temps. Pourtant, tout recommence sans être pareil.L’espace, ou les espaces plus exactement, ne sont pas les mêmes ; les personnes avec qui l’on travaille ne sont -en partie et n’est-ce pas là le plus difficile puisqu’en partie seulement- pas les mêmes. Le fonctionnement de l’équipe de  pédagogues du GRPAS est également différent de celle de l’équipe de Casal l’Amic et il est pour le moment difficile d’envisager garder la même ligne que dans la première résidence. En effet, tandis qu’à Tarragone, l’équipe avait un local et nous travaillions toujours avec les mêmes enfants ; à Rennes le fonctionnement est totalement différent puisque l’équipe n’a pas de local et intervient directement en lien avec l’école du quartier. Le groupe des enfants change donc tous les jours en fonction des activités proposées.

On pourrait croire que l’expérience est plus facile lorsqu’il s’agit de la seconde expérience de résidence, et pourtant il n’en n’est rien. J’ai l’étrange impression de recommencer à zéro.
Garder le même axe et continuer à travailler sur les impacts des espaces discriminés et / ou ségrégués sur les stratégies identitaires / identités discursives, mais avoir le recul suffisant sur ma restitution de la première résidence pour ne pas reproduire certaines erreurs ou manquements.

Ici pourtant, pas de dépendances à l’autre aussi intenses, dans le sens où pas de dépendances aux traducteurs ; ni à l’instant de la réalisation des entretiens, ni au moment de l’écriture. En tant que sociolinguiste, il est (ou sera) plus aisé pour moi de travailler sur un terrain (entre autre) francophone, sans biais de traduction, sans un besoin permanent de lien entre moi et les personnes avec lesquelles je collabore.

Premières observations : la façon de présenter Maurepas a été très différente de celle de présenter Campo Claro. A aucun moment, le quartier nous a été proposé comme stigmatisé. Ainsi, la façon d’envisager  l’espace social semble totalement différente dans les deux équipes des deux pays. Personne n’a expliqué les difficultés connues par les habitants du quartier, et Anne-Catherine et Adeline, avec lesquelles la moitié d’entre nous a effectué la promenade-découverte de Maurepas ont surtout axé leur présentation sur les changements qui ont eu / qui vont avoir lieu dans le quartier, et sur l’histoire du quartier. Pour ma part, il m’a semblé très pertinent de ne pas catégoriser le quartier dès sa présentation, de ne pas mettre en mot ces possibles stigmatisations (et ainsi les reproduire). Cette absence significative permet d’entrevoir le positionnement du GRPAS sur le quartier au niveau idéologique. C’est aussi cette absence de catégorisations gênantes qui me permet de réfléchir sur l’utilité (ou non) de proposer à nouveau un protocole d’enquête permettant de mettre à jour les représentations collectives sur le quartier pour les non habitants de ce quartier en question ; ou s’il était suffisant de me baser sur des enquêtes, déjà menées en sociolinguistique urbaine sur le quartier de Maurepas, me permettant ainsi de davantage me recentrer sur les habitants du quartier en tant que tel. A voir.

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To come back to Expeditions and come back in my own country, my own town ; it’s go in this project without so much uncertainties, but in fact all is different here. Spaces and people are changed, but just in part and it’s, I think, the most difficult part.

For me, this residency could be easier because I don’t have a so huge dependance to the others than in Campo Claro, no dependance to translator and it’s more easy to create link and to communicate with people, and it’s really more simple for my job, now it could be possible to collaborate with people of the neighborhood without someone between us.

My first observations are on the GRPAS team : they never introduce Maurepas like a stigmatised neighbourhood. So their way to consider the social space is really different. And I think it’s a really good approch to not propose this vision of Maurepas to people who don’t know here. The lack of categorizations allows to open the mind.

 

 

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4 Commentaires pour “Redécouvertes”

  1. Resté-à-quai dit :

    « Nous allons d’explication en explication… (1er octobre);
    « De révélation en révélation… (9 octobre);
    « A chaque pas de chaque enquête, une nouvelle porte s’ouvre, qui ressemble le plus souvent à un abîme ou à une fondrière. Tout se resserre cependant. Peut-être en sortirons-nous ?… (13 octobre);
    « Suite. Suite. Suite. » (14 octobre).
    Michel Leiris, « L’Afrique fantôme », Tel / Gallimard, 1988, p. 123-138 (Gallimard, 1934)

  2. Nolwenn Troël-Sauton dit :

    Sans doute que tout se resserre, mais tout s’élargit ici aussi. Tout change de forme disons? A chaque réponse de nouvelles questions. Inquiétant et passionnant tout à la fois dans ce que peut faire remonter et / ou faire évoluer des expériences de travail si intenses!

  3. Une touriste locale dit :

    Ma curiosité m’a amené à chercher la définition du mot « expédition » pour mettre des images (plus que des mots) sur ce projet.
    Le dictionnaire Larousse énonce un « voyage scientifique dans un pays éloigné ou difficile, ou [un] voyage touristique plus ou moins important ou mouvementé ».
    Campo Claro était une expédition, Maurepas en sera une autre, non ?
    Une nouvelle découverte, un nouveau territoire, un autre soi-même (différent de celui à Campo Claro).

    « Redécouvertes », RE-découvertes, qui est RE ? Qui redécouvretons ? C’est toi Nolwenn ? des personnes ?

    A voir non ?! 😉

    • Nolwenn Troël-Sauton dit :

      Redécouvertes parce qu’on pense toujours plus facile la seconde fois de REcommencer quelque chose justement. En tant que subjectivité qui vis et s’exprime, qui a l’impression d’avoir déjà vécu quelque chose de similaire. Expéditions n’a jamais été quitté, après avoir passé les trois semaines à Campo Claro est venu le temps de la rédaction, et nous voilà à nouveau en résidence. Redécouvertes parce qu’oubli que chaque résidence est une découverte ; une différence oui évidemment, mais une vraie découverte c’est plus difficile à vraiment comprendre. Un voyage oui, mais quand le protocole d’enquête a fini par être efficace, quand tu as fini, après tâtonnements, à trouver ton angle, ton axe ; tu as toujours tendance, pour la seconde fois, à te dire que tu pourras plus aisément adapter l’expérience que tu as construite.
      Oui tu te redécouvres toujours, tu t’apprends énormément dans ce type de travail. Tu te redécouvres toi et ce que tu fais oui (ici et ailleurs c’est sûr), mais ton rapport aux autres.

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