Socio-machine

Socio machine

Dessin griffonné en écoutant les interrogations de Zofia, et pouvant servir à illustrer les questions de Nolwen sur le statut d’espace prétexte des quartiers « populaires ».

EDIT :

Traduction de la légende / translation :

Little drawing, scribbled listening to Zofia’s interrogations, and that can be used to illustrate Nolwenn’s questions about working class areas as « pretext spaces ».

 

 

 

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5 Commentaires pour “Socio-machine”

  1. David Dueñas dit :

    Le mélange entre sociologues, sociolanguistes et anthropologues peut générer des crises épistémologiques… 😉

  2. Pascal dit :

    Que provoquent nos petites, mais néanmoins puissantes, machines sociologiques ? De l’asservissement ? De l’assujettissement ? Ces deux « affectations » opèrent sans doute conjointement. Je les distingue ici.
    J’évoquerai l’« asservissement » lorsque la sociologie intègre – je pourrais écrire incorpore – les personnes dans sa mécanique de production ; elle les incorpore comme des rouages indispensables de sa petite machinerie (que deviendrions-nous, pauvres sociologues, si les personnes prenaient leurs jambes à leur coup en nous voyant et se soustrayaient à notre regard et à nos paroles ?) mais minorisés. Mais, en fait, ce ne sont jamais les personnes comme telles qui sont intégrées à notre appareil de production, ce sont leurs paroles, leurs attitudes, leurs représentations… Il s’agit bien de mobiliser ce « moyen de production » mais en s’assurant qu’il est pacifié (où irions-nous si nos enquêtés se mettaient à revendiquer ?), neutralisé (laissons de côté ce qui pourrait nuire à la bonne conduite de la science, à savoir la pleine et active subjectivité des personnes) et aspetisé (allons cueillir ces petits bouts de vie mais en secouant bien les racines pour ne pas emporter avec nous trop de matière « indéfinie » qui viendrait contaminer le bel exercice de la science). Pour le dire de façon plus triviale : j’ai besoin pour produire ma recherche des personnes, mais je n’en ai pas besoin « en entier ». Je vais me contenter d’en mobiliser quelques bouts, ici une représentation, là une parole… La personne se trouve asservie à notre dispositif (machinique) au sens où une part d’elle-même lui a été retirée (par la magie de la science), au sens où quelque chose d’elle-même a été objectivée afin d’être intégrée à la mécanique scientifique. Toujours, bien sûr, pour de hautes et estimables raisons. Face à cette forme d’asservissement de soi à la machine scientifique, comme puis-je résister ? Effectivement, en prenant mes jambes à mon cou : en faisant défection pour préserver mon intégrité, à travers un exil radical, loin de ces contrées dangereuses où quelque chose de moi-même se transforme en matériau de recherche. Au secours ! Les sociologues arrivent.
    J’évoquerai l’assujetissement lorsque la personne concernée est prise (est saisie), à l’occasion d’une recherche, dans un rapport social bien particulier : un rapport social de savoir, formidable machinerie s’il en est. Elle se retrouve assignée dans une position particulière, essentiellement passive, la position, par exemple, de la personne qui sera incitée à parler mais à partir des mots et des motifs de l’autre, et dans une situation que seul l’autre maîtrise (le sociologue !) puisqu’il l’a instaurée (la petite machine proliférante de l’entretien de recherche). La personne est reconnue dans sa pleine subejctivité mais une subjectivité engagée à l’initiative de l’autre, sans réciprocité, sans réel renversement possible. J’existe alors en tant que « sujet » dans cette grande machine de la recherche – et je peux le vivre avec fierté, ce n’est pas rien tout de même ! – mais en tant que sujet assigné à un protocole méthodologique qu’il n’a pas pu négocier ou co-concevoir, en tant que sujet dominé. Ma subjectivité peut se vivre bien vite à l’étroit et souffrir de multiples contusions psychiques dans ce grand branle-bas machinique qui me dépasse complètement. Est-ce que je peux me sortir d’affaire ? Oui, peut-être, en hurlant ! Car, à la différence de l’asservissement, je ne suis pas encore complètement réduit « en morceaux ». Je peux encore effectivement donner de la voix, de la voix et du regard, de la voix et du geste. Je peux partir au combat et tenter de renverser cette machine, la mettre cul par dessus tête et, pourquoi pas, me vivre à l’instant comme avant-garde éclairée et tenter de m’emparer de la machine !
    Entre l’asservissement de type taylorien (Ne vous mettez pas en souci ! La machine agit avec doigté et ne vous retire que le strict nécessaire. Même pas mal !), ou l’assujettissement de type néo-managérial contemporain (Parlez, agissez, impliquez-vous, participez. Vous nous intéressez. Mais attention à vos doigts ! La porte entrebâillée se referme brutalement et sans prévenir), est-ce qu’une autre « machine » (au sens de Guattari) peut s’inventer ? Je sais, cher Pierre, que tu y travailles assidûment. Nous la fabriquerons ensemble et nous la proposerons bien sûr en « open source » ! Et nous ferons en sorte qu’elle soit (aussi) un petit peu folle… et désirante comme le disait donc Guattari.
    La matinée, décidément, est vraiment pluvieuse à Montpellier.

  3. Pour que la « machine » de l’enquête ou de l’intervention ne soit pas une boite noire dont le fonctionnement nous échappe, qu’elle n’asservisse ni n’assujettisse pas (ou le moins possible) ceux que nous rencontrons et avec qui nous échangeons, voir aussi ce qu’en dit Bourdieu qui parle d’une communication non violente et de réflexivité dans le dernier chapitre « comprendre » de son livre « la misère du monde » (Seuil, 1993). Communiquer et rendre compte peut aussi permettre que jouent des processus de socialisation et de subjectivation qui ne sont pas simple assujettissement.

    • Bonjour Pierre, et bonjour à Pascal également.
      Toutes mes excuses, car je touche ici maladroitement des questions qui, au vu de vos réactions, méritent la discussion et la réflexion. Mais le temps de l’expédition est dense et je ne parviens pas à trouver quelques heures pour répondre posément. Disons juste que je me sens comme hanté (le projet l’est peut-être)… et que comme l’écrivait M. de Certeau, chacun est travaillé par « son autre », et les sciences sociales au premier chef par ceux qu’elles écrivent.
      Peut-être que ma prochaine proposition de dispositif d’investigation pourra vous intéresser. (suspense)

  4. Zofia Dworakowska dit :

    I wonder how serious is this image?
    Could you translate the subtitle?

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