Problèmes et déplacements / Problems and displacements
L’expédition est un mouvement qui ne peut pas se crisper sur son cap en ligne droite. C’est une expérience qui nous oblige a naviguer sur une surface mobile, sous laquelle circulent plusieurs couches de courants qui parfois se contredisent, et tendent à s’annuler les un des autres. L’importance de l’individu dans l’équipe interdisciplinaire est pour moi fondamentale. Et il m’intéresse beaucoup que cet individu — le chercheur, l’artiste, le pédagogue ou l’enfant — fasse pencher le projet vers une idée, qu’il en explore les recoins, qu’il modifie la trajectoire. Pour autant, je pense qu’il est nécessaire de réagir lorsque les problèmes qui s’inventent mobilisent l’énergie du projet, en prenant le pouvoir, en changeant le cap.
Le contexte à Varsovie complique singulièrement la démarche des explorateurs, tout en lui donnant un nouveau souffle (c’est en tout cas comme cela que je l’interprète). Les « empêchements » de travailler comme à notre habitude, nous les rencontrons du fait de l’exercice de la redécouverte du territoire par la situation posée par le projet — c’est le cas des membres de l’équipe qui vivent en Pologne, à Varsovie et pour certains qui travaillent à Praga — ou bien nous les rencontrons du fait de la découverte pure et simple d’un espace que nous appréhendons par les discours et les représentions donnés et entendus, par exemple « Praga est un quartier potentiellement dangereux » ou « il y a un processus de gentrification qui s’opère », etc. Ce contexte de travail influence nos actions individuelles, nos dispositifs, mais il ne peut en aucun cas figer une énergie en circulation, un flux. Jamais un barrage n’empêchera l’eau de s’infiltrer dans la terre et de poursuivre finalement son chemin vers la mer. Les problèmes et les empêchements que nous rencontrons dans le contexte de Praga ne sont spécifiques que par nature, mais le phénomène « problématique » reste le même que ceux que nous avons vécus à Tarragona et à Rennes. C’est d’abord l’expédition qui soumet un problème et qui force au déplacement, mais c’est notre entendement qui l’associe au contexte que nous nous représentons. |
The expedition is a movement that can not be tense straight ahead. It is an experience that force us to navigate on a mobile surface, under which there is many opposite currents. Importance of individual in this interdisciplinary team is for me essential. And I am very interesting that this individual — artist, researcher, pedagogue, kid — deflects the project to a specific idea, exploring every nook and cranny, changing the trajectory. But, I think it is necessary to react when hypothetical problems appears and mobilises the project energy, take the power, change the cap. We know that the context in Warsaw complicates explorers approaches, and in the same time, gives a new life (that is my interpretation). We meet these obstacles because of the created situation of Expeditions that train us in a rediscovering of the territory — in the case of people who lives in Warsaw and works in Praga — or we meet them because of the discovering of this space by the discourses and representations given and heard, for example « Prage is a dangerous neighborhood » or « it exist a gentrification process », etc. This work context influences our individual actions and devices, but won’t be able to stop the energy flux. Finally, never a wall can stop the water. Problems and obstacles in Praga are not specific by nature, but the « problematic » phenomena stay the same than those we have lived in Tarragona and Rennes. This is first and foremost the expedition that submits a problem and force to displacements, but also it is our rationalizing and understanding that make this association to our representation of the context. |